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Serait-ce la bonne adresse? Linden baissa ses lunettes de soleil, le temps de comparer la photo de son téléphone au bâtiment qui se dressait devant elle. Il semblerait que oui. Les murs, le toit... Ça, et un dernier élément qui criait l’évidence : la petite plaque, collée au mur, sur laquelle était marqué en fines lettres “Stark”. Aucun doute, c’était bien ici que son ancienne aînée et leader vivait.
Et elle a pas chômé, dites donc.
Évidemment que la Lowenthal savait que l’ancienne cheffe du groupe ne perdait pas de temps. Nous sommes en 2029 : la technologie a bien avancé, depuis les premières années du vingt-et-unième siècle. Aussi la communication était on ne peut plus efficace d’un coin du monde à un autre. De ce fait, même si elles ne parlaient pas non plus tous les jours, il arrivait qu’elles se donnent des nouvelles.
Quelle n’a pas été la surprise de Linden lorsqu’elle reçut, un soir aux États-Unis, un message de son amie dans le pays du Soleil Levant : lui annonçant qu’elle était devenue la directrice de ce qui était, encore en cette année, le lycée Sei, à Otaru. Elle était à deux doigts de quitter le comptoir du bar, derrière lequel elle venait tout juste de s’y mettre ; pour acheter un billet, sans réservation, en direction du Japon. Heureusement pour son patron, il a été très facile d’attraper Trois Pommes, de par la différence de force entre lui et elle.
Malheureusement, c’est le mois suivant qu’il reçut sa lettre de démission, et qu’encore un mois après, Linden partit définitivement en direction de l’île nippone. Et aujourd’hui, elle n’était qu’à quelques mètres de sa destination. Combien d’années s’étaient écoulées depuis ? Quatre ans ? Non, neuf ans. Neuf ans depuis que Linden, après avoir été diplômée de Sei, prit un avion pour Montréal, au Canada, afin de suivre des cours à l’université de Concordia. Même si, au final, elle se tourna vers une formation de bartender. Son diplôme obtenu après quelques années de dur labeur sur les bancs de la fac n’auraient pas servis à grand chose, tout compte fait. Mais cela importait peu à l’américaine : elle le vivait très bien, libre d’esprit comme elle est. C’est la raison même pour laquelle Linden avait, comme à son habitude, un léger sourire dessiné sur son visage.
26 ans déjà à son compteur, et elle ne perdait pas ce côté fourbe et taquin qu’elle obtint à fréquenter ses camarades pendant le lycée. Elle savait que Hina (possiblement Hoshi également !) se trouvait dans cette magnifique maison, en cette belle matinée. Mais était-ce la même chose dans le cas contraire ? Bien sûr que non. Linden trouvait l’idée de surprendre sa camarade bien plus intéressante que de la prévenir de son arrivée. Ceci étant dit, elle gardait un minimum de tact : et c’est pourquoi elle a préféré se rendre dans un hôtel dès son arrivée pour y déposer ses bagages. Ce serait malpoli que de s’imposer chez elle comme ça, après tout.
“Bon …”
À présent devant la porte d’entrée, Linden prit une grande inspiration. Elle devait se l’avouer : l’excitation qui l’envahissait était mêlée à une petite pointe d’anxiété. Et si elle n’était pas là ? Et si elle arrivait au mauvais moment ? Linden ne put s’empêcher de penser à ces éventualités. Éventualités qui la firent soupirer, relâchant tout l’air de ses poumons. “Bah, ce qui doit arriver arrivera”, pensa-t-elle.
Ah, c’est vrai. Cette réalisation se fit dans un murmure à elle-même, tandis que son anglais lui échappa. Elle avait prévu quelque chose pour son retour, aussi elle le sortit, avec quelques bruits de craquement, de son sac. Un sac en papier kraft, de taille moyenne : qu’elle mit, sans hésiter, sur sa tête. Elle était fin prête pour sonner à la porte, ce qu’elle fit sans le moindre doute au monde.
Hinamorie Stark
Hinamorie Stark
Sous-directrice secrétaire sous le bureau d’Ichi
Situation : Très la richesse
Orientation : Hétérosexuelle
Métier(s) : Directrice, Mannequin & Secrétaire au 7th
Ces temps-ci, c'était un peu compliqué d'avoir du temps pour toi. Avec la réouverture de Nissei et le fait que tu devais tout gérer, que ça soit les entrées des élèves, leurs dossiers, mais également celui des professeurs et du personnel en général, c'était vraiment compliqué, mais tout du moins pas impossible non plus. Regardant chacun des dossiers avec beaucoup d'attention, tu faisais attention à chaque détail. Tu savais pertinemment qui entrerait à Nissei. Certains CV t'avaient retourné complètement au niveau des sentiments, dans un mauvais sens, ou du moins, ça faisait remonter de mauvais souvenir. Enfin, nous disions que tu faisais attention. Il y avait de bonnes nouvelles, des nouvelles un peu moins bonnes, mais bon. Néanmoins, il y avait aussi beaucoup de têtes et de noms que tu étais ravi de revoir. Des personnes que tu étais impatiente de revoir.
Il faut savoir qu'en tant qu'ancienne reine des balances, tu avais gardé contacts avec certaines anciennes étudiantes de l'époque de Sei Gakuen. Tu leurs parlais aussi souvent que possible lorsque ta vie a 100 à l'heure se calmait. Nul n'est sans savoir que tu es une personne extrêmement sociable, alors cela ne te dérangeait pas de rester quelquefois au téléphone pour discuter avec elles ou par skype ou n'importe quel autre réseau social. Soupirant, tu poses les dossiers sur ton bureau et sors de la pièce qui te servait de refuge pour travailler quand tu étais chez toi. Tu te dirigeais dans le salon pour boire quelque chose et aussi pour voir ce qu'Hannah faisait dans un même temps. Prenant ton téléphone en main, tu regardes l'heure et la date, soupirant légèrement. A ce moment précis, Nissei n'avait pas encore ouvert ses portes aux étudiants, mais les professeurs pouvaient demander à voir les lieux pour se familiariser d'avantages avec. D'autres pouvaient venir dans l'unique but chercher un endroit où loger avant l'ouverture. D'ailleurs, tu pouvais très bien héberger des gens chez toi sans soucis, pendant un petit moment.
Il n'était pas très tard, mais tu avais la tête remplie de travail, tu n'arrêtais pas depuis quelques jours, donc tu décides d'aller faire un tour dehors pour te changer les idées, laissant Hoshi avec Hannah dans la maison. Tu te surprenais en marchant aussi longtemps sans but bien précis dans les parcs de la ville, les mains dans les poches de ton jean. Tu regardais un peu partout, l'air de rien, voulant seulement prendre l'air. Cette petite balade improvisée n'avait pas duré bien longtemps, cela dit ces dix petites minutes t'avaient fait un bien assez fou. Tu avais aussi pris un journal en papier sur le chemin du retour, histoire de savoir tout ce qui se passait un peu dans le monde autrement que sur ton téléphone.
Une fois arrivée dans ta rue, tu aperçois quelque chose de bizarre. Tu haussais légèrement l'un de tes sourcils, n'y portant pas plus d'attention. Néanmoins, plus tu te rapprochais plus te commençait à te rendre compte que, effectivement, il y avait bien une personne avec un sac en papier devant chez toi et non devant chez les voisins. Tu t'arrêtes, un petit laps de temps, fermant les yeux l'espace d'une demie seconde, en rigolant doucement. La personne devant ton portail était petite, surement une femme ... ? En tout cas tu avançais vers cette dernière, doucement, aussi discrète qu'un chat. Puis une fois parfaitement derrière cette personne, tu passes ta tête au-dessus de son épaule, murmurant à son oreille.
— J'appelle la police ou pas ? Dis-tu de façon très sérieuse, d'une voix qui se voulait suave, bien que, tu retenais intérieurement un énorme fou rire. Tu ne savais pas qui c'était, si ça se trouve c'était une personne hyper dangereuse ? Bwah ... Au pire tu sais te défendre. Bien qu'en y repensant, tu connais une personne qui serait capable de faire ce genre de choses, mais bon. Elle ne t'avait pas encore confirmé le jour de sa venue.
Un frisson parcourut la colonne vertébrale de l’américaine, pour s’achever dans sa nuque. Son doigt se crispa sur la sonnette, la faisant résonner dans la résidence en continu. Lorsqu’elle sortit de sa torpeur, Linden retint son soupir de soulagement. Elle connaissait cette voix, qui n’a pas changé depuis tant d’années ; mais elle devait bien l’avouer que l’effet de surprise lui a été volé. Son ancienne cheffe n’était pas chez elle, et comme si cela ne suffisait pas, elle l’a surprise devant sa porte. Ce genre de coups, Linden n’en avait pris que par les cartes inverse au UNO — et elle pouvait témoigner que ces cartes n’avaient pas autant d’impact que cette question.
« Appeler la police reviendrait à envoyer le FBI à la poursuite d’un chihuahua, répondit Linden d’un ton amusé. En temps normal, une menace comme celle-ci effrayerait le commun des mortels, mais Trois Pommes savait que l’aînée des jumelles ne prendrait de telles mesures. Enfin, avec des gens normaux, qui ne portent pas de sac en papier kraft sur la tête. Hm. Non, vraiment, je ne vois pas pourquoi la police viendrait. Je viens en paix ! »
Fouillant son sac pour un nouvel objet, c’est un marqueur qu’elle sortit ; et si elle enleva le bouchon avec assurance, le sourire qu’elle dessina en “D” sur le sac, lui, ressemblait à une étrange pomme de terre coupée sur le dessus.
« C’est mieux ? Ah, non, il manque quelque chose. »
Levant de nouveau son marqueur, Linden dessina deux の en guise d’yeux, l’un se perdant presque au sommet du sac. Et comme le ridicule ne tue pas, elle continua, cette fois-ci en ajoutant quelques traits au niveau de ses joues. Une farce qu’elle continua, leva alors ses mains au niveau de sa tête pour achever son idiotie.
« Il n’y a rien de bizarre avec moi, voyons ! Je ne suis pas du tout venue par delà les océans ! »
Sa phrase s’acheva sur un pouffement de rire, qu’elle ne put cacher plus longtemps. Elle se doutait qu’après ce cirque, l’ancienne cheffe des Saturnes l’avait reconnue. Des femmes mesurant le mètre cinquante, avec des cheveux blonds, se pointant devant chez elle … Il n’y en avait pas mille.
Hinamorie Stark
Hinamorie Stark
Sous-directrice secrétaire sous le bureau d’Ichi
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Ta petite surprise avait eu l'effet escompté. La demoiselle au sac en papier sur la tête avait été surprise et ... Elle était tellement figée qu'elle n'arrêtait pas d'appuyer sur la sonnette. De ton coté tu t'étais redresser, posant ta main droite sur ta hanche, laissant ton journal en papier dans l'autre. C'était difficile de retenir ton fou rire, mais tu faisais mine de rien, ayant l'air sérieuse, tu regardais la personne qui massacrait ta sonnette, bien qu'elle ne puisse pas voir ton expression. Et, il faut dire que c'était tant mieux, car à force de te retenir, ton visage commençait à rougir de plus en plus. Pinçant tes lèvres, tu étais contente de la voir se réveiller et, surtout, de ne plus entendre la sonnette raisonner dans le pavillon, en espérant pour Hoshi et Hannah qu'elles avaient un casque sur la tête à ce moment-là. A la voix, tu avais tout de suite reconnue de qui il s'agissait et, en soit, il fallait être honnête, il n'y avait que Linden pour faire des choses aussi farfelues. Sa comparaison sur le FBI et le chihuahua n'avait pas encore eu raison de toi, ni le fait qu'elle dise qu'elle venait en paix. Au final, la seule chose qui avait eu raison de ton fou rire de cinq minutes était ce moment où, après avoir fouillé dans son sac, elle en sorti un stylo. A cet instant, elle dessina sur le sac qu'elle avait sur la tête des yeux, une bouche et des traits qui représentaient surement un rougissement. C'est à partir du moment où elle termine son dessin sur le sac se trouvait déjà sur sa tête, que tu n'avais plus eue la force de retenir ton rire. Un rire strident, digne des plus grandes sorcières. Tu te tenais le ventre, rigolant en étant courbée, en pleine rue. Ça ne serait pas étonnant que tout le voisinage t'ai entendu rire à plein poumons pendant ces petites cinq minutes.
Après ton rire. Tu reprends ton calme, toussant légèrement. Tu regardes le journal que tu as dans la main, prenant le stylo de Linden dans sa main, en lui ayant demandé tout de même. Le but ? Tu prends le stylo et dessine un visage sur le journal que tu avais acheté plus tôt, le pliant de façon à ce que ça fasse un chapeau, en dessinant des yeux dessus, puis, tu lui prends le sac qu'elle avait sur la tête, où elle venait de dessiner. Puis tu le poses à ton tour sur ta tête venant y déposer ton chef-d'œuvre par la suite, t'asseyant ensuite par terre dans la rue, posant ton menton dans la paume de ta main.
Ce rire, cela faisait bien longtemps que Linden ne l’avait pas entendu. Il était si caractéristique à l’aînée des Stark, et si les années l’avaient sûrement changée, il y avait bien quelque chose qui restait, aussi simple soit-il. Ce rire en faisait partie, et s'il durait plusieurs minutes, pour l’américaine, il semblait se passer que quelques dizaines de secondes. Des secondes pendant lesquelles elle ricanait dans son sac en papier, tel un renard espiègle qui aurait réussi une quelconque sournoiserie. Ce qui était le cas : elle avait le résultat escompté, et cette vision (ou plutôt ce son ?) éveillait un sentiment qu’elle n’avait plus depuis longtemps. La cadette des Lowenthal avait une impression étrange de légèreté, comme si les dix dernières années de sa vie n’étaient plus.
Et elle n’était sans doute pas la seule, tandis que son amie reprenait son calme : car, l’instant d’après, voilà que la blonde lui tendit son marqueur. Qu’allait-elle faire avec ça ? Aucune idée ne lui vint, mais son amie jouait le jeu, et elle avait comme une hâte de découvrir ce qu’elle allait bien lui montrer. Nul besoin d’être patient : le résultat se présenta très vite, et c’est son sac retiré de sa tête que Linden avait non seulement une vue sur son œuvre, mais aussi sur celle de Hinamorie.
« Contre Uno. - Pfft— »
Linden s’étouffa. Puis, un nouvel éclat de rire se faisait entendre dans le quartier. La scène était en contradiction totale avec l’âge des deux femmes, mais aussi de l’endroit où elle se trouvaient : entourées de résidences occupées par des gens au salaire élevé, là où vivaient ceux qui n’avaient guère le temps ni même conscience que de telles gamineries pouvaient exister. Et pourtant, il fallait bien le reconnaître. Il y avait bel et bien deux andouilles d’âge adulte perdant leur souffle pour un sac en papier.
« C’est censé représenter quoi, ça ? Un péquenaud au gros cerveau !? Ça veut absolument rien dire, Hinamorie ! »
Sa voix monta dans les aigus à la fin de sa phrase, ne parvenant pas à situer ni la queue, ni la tête à ce que la Stark lui montrait. Mais cela suffisait pour lui arracher un sourire et un rire, et c’était ce qui importait.
« Ah, dire que je voulais te surprendre, au final, c’est raté ! D’une voix enjouée, Linden se mit sur la pointe des pieds et retira les hors d’œuvre de la tête de l’anglaise. Je m’attendais vraiment pas à ce que tu sois sortie de chez toi, et encore moins que tu passes dans mon dos. J’ai vraiment cru que j’allais y passer pendant un instant, tu sais ? J’avais peur aussi de passer au mauvais moment ... »
Tout en discutant, l’ex-bartender commença à déplier le journal pour lui redonner sa forme initiale : il était un peu dommage de défaire la création de Hina, mais il était tout aussi dommage qu’elle ne puisse pas le lire après l’avoir acheté.
« Bonjour, du coup ! lui fit-elle en tendant le journal, plié comme à son origine. Toujours aussi magnifique, de ce que je vois ! Je suppose que tu vas bien, depuis le temps ? »
Hinamorie Stark
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Tu étais, tellement fière de ce que tu venais de faire actuellement. Rigolant doucement dans ton sac en papier craft, tu ne pouvais que t'imaginer le faciès de ton amie face à ton action, mais, assez rapidement après ce que tu venais de faire, elle se met elle aussi à rire et là, une explosion en chaine, tu te mets à rire également. Un énorme fou rire collectif pouvons-nous dire. C'était bête, mais cela te faisait tellement du bien de rire comme ça, avec insouciance dans la rue avec une vieille amie qui était si chère à ton cœur. C'était une scène assez bizarre pour les voisins, accessoirement. La future directrice de l'école où iraient leurs enfants en train de rigoler comme une enfant de onze ans dans la rue, par terre, avec une autre des responsables administratifs. Mais bon, dans un sens, c'était assez simple pour toi de faire des choses de la sorte avec ton statut de « star », car les gens ne prenaient pas ça pour de l'immaturité, mais plutôt de la proximité malgré ton succès fulgurant, pratique. Enfin, pour en revenir à ton œuvre, tu ne savais pas trop ce que tu avais dessiné sur ce morceau de journal et Linden n'en avait également aucune idée. Te demandant clairement qu'est-ce que cela représentait. Comme réponse de ta part, un simple levé d'épaule suivi par des bras en angle droit et des mains vers le ciel.
Linden était déçue que tu ais pu la surprendre alors que c'est elle qui voulait créer un effet de surprise, dommage. Elle serait venue quelques minutes plus tard, ou quelques heures plus tôt, elle aurait complètement réussi son coup. Sentant le sac se lever de sur ton crâne, tu respires de nouveau comme il se doit, ce n'était quand même pas pratique d'avoir un sac sur la tête pour respirer ... Tu aurais forcément été dans le coin avec l'ouverture prochaine de Nissei. Tout en parlant tu voyais Linden qui redonnait la forme de base du journal, défaisant ainsi ta création, mais bon, cela ne te dérangeait pas trop, ce n'était pas une masterpiece aussi majestueuse que la sienne l'était. Tu te lèves du sol, tout de même, regardant Linden dans les yeux avec un grand sourire.
— Bonjour ! ~ Dis-tu en étant très (beaucoup trop même) enjouée de revoir Linden en chair et en os. Tu rougis légèrement face à son compliment, le lui retournant presque instantanément, puis, tu ouvres le portail de la maison, regardant Linden en lui faisant signe de te suivre. On va rentrer, ce sera plus confortable pour discuter.
Une fois le portail passer, Linden pouvait s'apercevoir d'avantage de la grandeur du terrain, une grande maison, sur deux étages, au centre, un dojo et deux dépendances ce trouvant à son extrémité. Entrant dans la maison, tu retires tes chaussures, laissant Linden faire de même tout en lui montrant le placard de l'entrée pour qu'elle puisse y déposer sa veste. Juste après l'entrée se trouvait le salon ainsi que la cuisine, ouverte sur le salon. Posant le journal, que tu avais repris des mains de Linden plus tôt, sur la table basse du salon, tu te tournes vers Linden.
— Vas-y prends place, fais comme chez toi. Tu veux quelque chose à boire ? dis-tu en te dirigeant déjà vers la cuisine, prenant des verres, avant de revenir dans le salon, posant les verres sur la table basse. Tu prends place sur le canapé, regardant Linden. Tu ne m'avais pas prévenue que tu serais en ville aussi tôt, tu cherches un appartement ou tu as déjà trouvé ? Tu es où actuellement ? Beaucoup de questions, tu en avais conscience Oh, désolée je te bombarde de question, je suis beaucoup trop curieuse du coup. Rigolant doucement, tu prends ton verre, ouvrant le petit bar qui se trouvait au bout du canapé pour y sortir un jus de mangue, que tu te sers aussitôt.
Toujours aussi affectueuse. Toujours aussi accueillante et extravertie. Ce n’était pas un mal ; en dix ans, nombreux sont ceux qui changent. Parfois pour le meilleur, parfois pour le pire. Ainsi, faire preuve de stabilité était, quitte à faire le pari de l’évolution, une solution tout à fait correcte. Surtout si l’on a déjà atteint une forme de sagesse, que Linden voyait en Hinamorie. Après tout, cette femme, à un jeune âge, avait déjà affronté pas mal d’obstacles dans sa vie. Et même si elle n’en a jamais été témointe, le regard de son ancienne cheffe suffisait pour le comprendre. Rien qu’au sourire qu’elle arborait en faisant signe à l’américaine de la suivre à l’intérieur … Ah, si l’aînée des jumelles Stark était la même, Linden, elle, sentait bien les années, d’un coup.
Il faut dire que son entrée au sein des Balances de l’époque était assez particulière — pareil pour son attachement au groupe. Bien que cela soit embarrassant, la Lowenthal devait bien accepter que ses “charmes féminins” n’étaient pas son meilleur atout, et qu’il y avait bien meilleur qu’elle à ce niveau —sauf s’il s’agissait de jouer des goûts de personnes plutôt suspectes, attirées par les petits gabarits. Sa qualité était tout à fait contraire au reste de son groupe : elle était discrète, et pas qu’en apparence. En somme, s’il fallait la rapporter à une classe de personnage dans les MMORPGs, celles de Voleur ou de Rogue correspondaient parfaitement. À tel point que, même dans son groupe, elle était discrète … et détachée. Comme un animal sauvage, il lui fallait un temps d’adaptation, et pendant longtemps, ses liens avec ses camarades restaient en surface. Seul un événement particulier eut pour effet de la sortir de sa bulle. Depuis … s’il faut le résumer, son sourire est plus naturel, et proche de ceux qu’on lui donnait.
Il n’y avait pas que son sourire qui s’était adouci, mais aussi le reste de ses émotions. Sa surprise, par exemple, affichait clairement l’étonnement qu’elle avait devant la maison Stark. Dans ses souvenirs, leur foyer n’était pas aussi grand. Et si la majorité des gens, en voyant une telle bâtisse, pouvaient se demander le prix du loyer ou le coût de construction … La blonde, elle, se demandait des questions plus terre à terre. Jusqu’à combien de personnes peuvent entrer à l’intérieur ? Est-ce qu’elles se sont déjà perdues dedans ? Ça prend combien de temps pour y faire le ménage ? N’y a-t-il pas un potentiel cambrioleur qui aurait hésité en voyant le nombre d’entrées possibles ? Si oui, quel équipement pour quel passage ? Même à l’intérieur, elle ne pouvait s’empêcher de songer à nombre de questions (et réponses) triviales.
Heureusement, le flux de pensées cessa lorsque Hina lui fit signe de s’asseoir : ce qu’elle fit, libérée de ses chaussures, sa veste et son sac. Détendue, et surtout protégée de la brise printanière, Linden put remonter les manches de son pull qui, certes est léger, mais la gênait dans ses mouvements.
« Si ça te dérange pas, du jus de fruits suffira, répondit-elle. Heureusement, le bar au bout du canapé avait diverses boissons ; et c’est après que Hina se servit que Linden, curieuse, voulut essayer le jus de mangue. Est-ce pour l’effet dramatique, ou rassemblait-elle simplement ses pensées ? Tant qu’elle n’avait pas rempli son verre, la plus jeune ne répondit pas aux questions qui lui furent posées. C’est lorsqu’elle reposa le contenant qu’elle s’exprima enfin. Et bien … »
Linden marqua une nouvelle pause, son sourire discret devenant un sourire idiot.
« J’ai rien trouvé encore, hahaha ! Oh, je ne suis pas dans la rue si ça peut te rassurer—ce jus est délicieux, d’ailleurs—j’ai pris une chambre d’hôtel pas très loin pour le moment. Après, j’ai contacté quelques propriétaires quelques rues pas très loin de l'école. J’attend simplement leurs réponses, ça ne devrait pas trop tarder. »
Buvant une énième gorgée de son verre, Linden hydrata de nouveau sa gorge, un goût sucré la revigorant de son long trajet.
« Il n’y a pas à être gênée de me poser des questions, tu sais ? J’ai la même ! Comment t’as fait pour avoir une aussi grosse maison ? Comment t’as fait pour prendre le relais pour Se— Je veux dire, “Nissei”, c’est ça ? Si tu trouves que tu me bombardes de questions, alors imagine pour moi qui apprend qu’une amie mannequin devient directrice de notre ancienne école ! C’est comme si d’un coup du jour au lendemain je viens te voir pour te dire que j’ai ouvert un orphelinat ! Linden ria. Bon, ça par contre, c’est pas arrivé. »
Se penchant sur ses genoux, Linden soupira doucement, calmant son énième rire de la journée.
« Enfin, je pense pas que cette maison soit que pour toi toute seule. Hannah est toujours dans le coin, je suppose. Elle a dû sacrément grandir, depuis le temps ... »
Hinamorie Stark
Hinamorie Stark
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Linden te demanda du jus fruit juste avant de se servir en jus de mangue, tu souris, la regardant faire. Elle répondait à toutes tes questions. Que tu n'ais pas eu spécialement l'envie de lui en poser autant, cela ne dérangeait pas pour autant la Lowenthal qui semblait en avoir beaucoup également. En soit, se pouvait être compréhensible, autant d'années sans se voir de façon physique, c'était quelque chose. Quelque chose qui provoquait forcément beaucoup d'interrogations. C'est d'ailleurs Linden elle-même qui te disait de ne pas te sentir gênée par cette montagne de question, car elle en avait également. Dans tous les cas, elle t'avait répondu. Elle n'avait pas encore de toit, mais elle était en pleine recherche, elle avait trouvé donc un endroit où rester pendant ce laps de temps, un hôtel sans doute ? Cela te dérangeait un peu qu'elle ait à rester dans un hôtel en attendant de trouver son nid douillet. Après tout, certes tu ne le feras pas avec toutes les personnes que tu employais, qui cherchaient un endroit où vivre, cela dit, Linden est une très bonne amie. Une idée germait dans ta tête au fur et à mesure de la conversation, mais pour l'instant tu ne disais rien, captivé par ce que Linden te racontait, aussi court que ça ne soit. Elle attendait les réponses de propriétaires hein ? Tu pouvais essayer d'accélérer leurs réponses peut-être ? Qui sait. Prenant une gorgée de ton jus de mangue, tu écoutes donc les questions posées par Linden, sourire aux lèvres.
Linden, normalement, n'étais pas sans savoir que durant ta dernière année au sein de Nissei, anciennement appeler Sei, tu étais devenue idole. Ce qui en soit, avait été un travail de longue date, car après la naissance d'Hannah tu avais déjà commencé à te lancer dans cette carrière. Le point positif avait été que, tes parents étant connus grâce à l'entreprise familiale, tu avais des contacts qui t'aidaient à te rapprocher de maisons de disques, de professionnels du mannequinat etc. Ce qui fait que, bien que tu n'ai pas été connue sur le moment où tu avais débuté, ta notoriété augmentait de façon fulgurante. Il ne fallait pas oublier qu'à l'époque, tes cheveux verts pomme intriguait beaucoup de gens, peut-être que ça t'avais été bénéfique sur le coup ? En tout cas, le métier d'idole, tu l'avais commencé assez « tôt » et, bien que maintenant tu ne sois plus dans un groupe ou quoi, tu continuais bel et bien un aspect de cette carrière, le mannequinat, tout en gérant Nissei. Un gros pari, certes, mais tu pouvais y arriver, tu en étais persuadée. Enfin, pour en revenir à Linden, elle devait être au courant de cette carrière naissante que tu avais à l'époque, tu savais qu'outre atlantique les gens connaissaient ton nom, mais sous un pseudo, « Anasthasia ». Peut-être est-ce pour cela qu'elle n'a pas fait le rapprochement avec la grandeur de la maison et tout ce qui s'en suit. Tu rigolas à la comparaison de Linden, avant de répondre à sa dernière question, oubliant la première.
— Pour reprendre Sei, j'ai directement pris contact avec l'ancien directeur. Qui ... Avant de nous quitter m'a confié les clés de notre ancien lycée. Dis-tu, légèrement triste. Tu aurais apprécié que votre ancien directeur soit là pour vous conseiller sur les différentes tâches administratives de Nissei. Un petit rire sortant d'entre tes lippes, tu te souviens alors que Linden n'avait pas revue Hannah depuis des années. Tu prends donc une des photos qui se trouvaient sur le buffet derrière le canapé. Sur celle que tu avais prise, il y avait Hoshi et toi puis, au milieu, la petite frimousse rose d'Hannah. Cette photo avait été prise l'année dernière. Tu te rapproches de Linden, lui montrant donc la photo, pointant la demoiselle aux cheveux rose et aux yeux or du bout de tes ongles. Juste ici, c'est Hannah. Elle a bien grandit depuis la dernière fois que tu as pu la voir, ahah. Tu souris, laissant la photo dans les mains de Linden, t'adossant confortablement dans ton canapé. Elle a 15 ans maintenant, sur cette photo elle en avait 14, mais elle n'a pas trop changé depuis, pour l'instant.
Ton regard se reportant sur Linden, un autre sourire, avant que tu n'ouvres grand les yeux, te souvenant que tu avais zappé l'une de ses questions sans t'en rendre compte. Posant ta main sous ton menton, tu plisses les yeux, regardant Linden.
— Pour ce qui en est de la maison ... Je suis devenue escort girl. Dis-tu de la façon la plus sérieuse que possible, essayant de capter la réaction de Linden. Cela dit, bien que tu pourrais aisément mentir sans aucun scrupule, c'était trop gros pour toi et tu te mis presque instantanément à rire à plein poumons. J'étais idole avant et je le suis toujours d'une certaine façon, d'où le fait que je puisses rénover entièrement un lycée pour en faire un campus et que ma maison soit aussi grande. Dis-tu entre quelques fous rires avant de respirer un bon coup en essayant de te calmer. Mais c'est bizarre que tu poses cette question, tu devrais être au courant.
Bien que tu aimes faire des blagues du genre à Linden, il fallait reprendre un peu de sérieux. Tu croises tes jambes, reprenant une gorgée de jus de mangue.
— Si tu veux, tu peux rester ici le temps d'avoir une réponse des propriétaires. Comme tu le vois, on ne manque pas de places, donc. Tu lui souris avant d'ajouter avant qu'elle ne puisse répondre. Ca me ferait plaisir, au moins tu ne fais pas de dépenses inutiles.
« PAS UN GESTE OU JE TE BAISE TA CERVELLE D'ENCULE. »
… Oh non. Vous savez quoi ? Revenons un peu en arrière pour comprendre ce qu’il se passe. Hum. Donc.
Passé.
Hoshi avait commencé sa journée sans grande surprise par une habituelle routine : du sport, de la sueur, des arts-martiaux, une tape derrière la tête d’Hinamorie et une compétition puérile de course dans l’escalier avec Hannah. Bien que ces courses semblaient trouver victorieuse sa filleule, Hoshi ne cessait de méditer des stratagèmes tordus pour gagner. Et en cette fraîche et nouvelle matinée, loin de Nissei, loin du dojo, la jeune anglaise avait décidé que le lendemain, c’est elle qui serait couronnée de succès et des réprimandes d’Hinamorie, aussi.
Bien que le dojo sembla être un point d’ancrage important pour la spécialiste, Hoshi portait sa chambre particulièrement dans son cœur. Elle aurait pu demander un espace si spacieux que son lit aurait eu la taille d’un prince de lu dans son champ de vision… Enfin, ça, c’était ce qu’elle pensait de leur fortune. La réalité était certainement autre… Tout comme l’était sa chambre : un petit espace d’une vingtaine de mètres carrés aux grandes baies vitrées et à la moquette bordeaux. Collé à celles-ci, un lit une place et demie européen en bois de chêne surmonté d’un matelas à l’aspect d’un nuage. Dans un autre coin, un bureau bas et sa plante pas assez arrosée. Puis dans un autre encore, une coiffeuse. Oui. Tout à fait. C’est aussi le genre de truc girly qu’Hoshi possède mais n’assume vraiiiiiiiiiment pas. Mais le plus gros caprice de la jeune anglo-japonaise prenait place sur son balcon. Non, en fait. Cela prenait TOUT son balcon. Une sorte de bain nordique gigantesque surmonté par un petit bar américain et son micro réfrigérateur. A vrai dire, Hoshi ne l’avait utilisé qu’une seule fois. Souvent, elle recouvrait le bain pour s’allonger sur le bois massif, allonger sa serviette et se servir de tout ça pour bronzer. Hoshi adorait quand toute sa petite famille s’allongeait à ses côtés, prenant les risques les plus inconsidérés puisque le bain dépassait les rambardes de sécurité en hauteur… Il aurait suffi d’un petit sursaut, un roulement incontrôlé et BAM, l’une des Stark se retrouve à se suicider du deuxième étage : gros titre sur le journal, di-rect.
Et en cette belle matinée, Hoshi avait donc choisi d’élaborer son merveilleux et diabolique plan en restant allongée sur sa terrasse en bikini. Sauf que.
« Oh putain. C’est qui le blaireau qui s’amuse à défoncer la sonnette ?!? »
Hoshi avait levé la tête et avait aperçu rapidement, quelqu’un, avec un sachet sur le visage. Son visage s’était froissé hostilement avant de ramper discrètement vers sa chambre.
« Ok. On est dans un monde de dingue. Depuis quand les cambrioleurs sonnent ? En plus Hina est sortie. Je sais même pas si Hannah est toujours à la maison. »
« … »
« Hannah ! »
D’un bond, la jeune femme avait rejoint son armoire, sortant un coffre-fort de sous ses sous-vêtements. Avec précision et vitesse, elle avait rentré le code et ouvert le coffre. Son regard ne laissait rien paraître lorsqu’elle avait attrapé le calibre 45, vérifiant les munitions et enlevant le cran de sécurité. Tout s’était passé très vite, la porte d’entrée s’était ouverte. Et Hoshi aurait mis sa main à couper qu’Hina avait dit « … ne me bombarde pas… » .
Son sang n’avait fait qu’un tour.
« Putain. C’est pas un cambrioleur. C’est clairement un terroriste. »
Hoshi s’était penchée par-dessus la rambarde pour commencer à observer la situation. Hina était passée dans son champ de vision, du jus dans les mains.
« ET EN PLUS CE CONNARD SE FAIT SERVIR PAR MA SŒUR ?!????? »
Toujours en bikini, elle avait serré le fusil dans la paume de sa main, prête à descendre silencieusement les marches de l’escalier. Ce qu’elle fit.
« NE T INQUIETES PAS HINA. JE VAIS LUI COLLER DEUX BALLES ENTRE LES YEUX VITE FAIT BIEN FAIT. IL FERA EXPLOSER PERSONNE. »
Puis, une autre bribe de conversation lui parvint.
« Hannah est toujours dans le coin… »
« QUOIIIIIIIIIIIIIII ??? CE TERRORISTE EN A APRES HANNAH ??????? C'EST UN VIOLEUR EN PLUS ?! »
Dans le stress, Hoshi n’avait pas réalisé que plusieurs minutes s’étaient écoulées entre ce qu’elle avait entendu et ce qui se passait véritablement. Elle avait léché les murs des escaliers, longés les couloirs et, enfin, atteint le coin ou sa sœur était retenue en otage. Dans un seul mouvement brutal, elle avait sauté de sa cachette et braqué le flingue sur le terroriste.
Présent
« PAS UN GESTE OU JE TE BAISE TA CERVELLE D ENCULE…. De… Oh sa mère la pute. Linden. »
Hoshi était là, debout face à sa sœur confortablement assise en train de prendre l’apéro avec sa vieille amie d’antan, Linden. Il n’y avait jamais eu de menace. Il y avait surement eu une terrible blague atrocement mauvaise de la part de ces crapules et surtout, il n’y avait aucune raison pour Hoshi de continuer à pointer son canon vers la nouvelle arrivée. L’ancienne soldate activa immédiatement le cran de sécurité et rangea l’arme dans son bikini… L’élargissant au passage. C’en était ridicule. Son visage se colora de pourpre, gêne, timidité, tout en même temps et, elle déblatéra en un instant.
« Hey… Long time no see… Euh… Ah ça, c’est pas un vrai colt 1911 GI Government calibre 45 des années 90… Non… »
Une énorme grimace de malaise s’installa sur son visage.
« Pas un vrai du touuuuuuuuuuuut… Euh… Hey ! J’espère que tu apprécies le jus de mangue… Haha. Euh… Hum.. Toujours aussi jolie… Hein… Mais euh… C’est bizarre de se déguiser en terroriste violeur d’enfant… Tu vois… Failli te tirer une balle… Dommage de perdre…œil… »
Hoshi s’arrêta, se gifla véritablement et prit une voix robotique.
« Ok. Je retourne brûler ma peau sous les ultraviolets. Salut. »
Et, sans écouter leurs réponses, Hoshi sprinta vers l’escalier sans se retourner, le visage plus rouge qu’un stop.
Le regard triste de Hinamorie était contagieux. Linden se doutait qu’il devait s’agir de quelque chose de ce genre, et pourtant, l’entendre de son amie ne pouvait empêcher son visage de prendre un air grave. Le vieux avait clamsé, passant le flambeau à une de ses anciennes élèves, une des rares à être en capacité de redorer le blason de son établissement. Comme du jour au lendemain, la Stark se retrouvait avec des responsabilités en plus ; quelque chose auquel elle paraissait, aux yeux de la blonde, habituée. Mais était-ce une bonne habitude à avoir ? Difficile à dire pour quelqu’un d’aussi imprévisible que la cadette des Lowenthal. À vrai dire même, l’air grave qu’elle abordait était plus par égard pour son aînée que le vieux schnock. Après tout, c’était un peu de sa faute qu’absolument tout ce qui n’allait pas entre les murs du lycée se produisait, et, en pensant à ça … Linden avait beau être empathique, cela s’appliquait difficilement pour cet homme. Non pas qu’elle le détestait, mais, il y avait ce petit quelque chose qui l’empêchait.
L’absence de réel deuil pour ce vieillard s’affirma chez elle lorsque l’ancienne cheffe des Saturnes lui présenta un cadre photo, sur lequel figurait les trois Stark, à présent toutes des femmes. Elle y reconnut Hinamorie, Hoshi, et … BON SANG, C’EST QUE LA GAMINE EST PLUS GRANDE QUE MOI MAINTENANT !
« Juste ici, c'est Hannah. Elle a bien grandit depuis la dernière fois que tu as pu la voir, ahah. Elle a 15 ans maintenant, sur cette photo elle en avait 14, mais elle n'a pas trop changé depuis, pour l'instant. - Tu m’aurais dit que c’était ta petite sœur et j’aurai gobé le mensonge sans hésiter, là ! Elle a pas juste grandi, elle est devenue méconnaissable ! Linden ne put s’empêcher d’exprimer sa surprise, rapprochant le cadre de son visage comme si être au plus près était nécessaire pour qu’elle puisse engraver la réalité d’aujourd’hui dans sa tête.
Et pourtant, elle devait s’y faire. La petite tête joufflue d’il y a dix ans s’est affinée, sa petite main qui secouait autrefois un quelconque jouet de bébé pouvait à présent tenir avec aisance un stylo … Mais c’était surtout que ce qui semblait être une version miniaturisée de l’aînée des jumelles Stark lui ressemblait à présent énormément. Et elle n’a encore que 15 ans ? À quoi ressemblerait-elle, à l’âge où Linden avait rencontré sa mère ? Suivrait-elle le même parcours qu’elle ? Ce serait incroyable que la fille devienne comme sa mère ...
« Pour ce qui en est de la maison ... Je suis devenue escort girl. - Actually, please don’t become like your mother, lâcha Linden de son anglais le plus honnête, tandis que son fil de pensée suivit les propos de Hina. —Attends, je croyais que … - J'étais idole avant et je le suis toujours d'une certaine façon, d'où le fait que je puisses rénover entièrement un lycée pour en faire un campus et que ma maison soit aussi grande. Mais c'est bizarre que tu poses cette question, tu devrais être au courant. »
Le visage de Linden s’étira entre le soulagement et le désappointement ; non pas envers la blague de Hina, mais d’avoir cru une blague aussi évidente que celle-ci.
« Bien sûr que si, mais … Dans mes souvenirs —non pas que j’en sache les détails, ce n’était pas à ce point-là. C’est impressionnant du coup d'être parvenue aussi loin ... »
Son regard se perdit sur ce qui l’entourait dans la pièce. La table, suivie du canapé, du bar, pour se perdre sur l’allée vers l’entrée, les escaliers ; tout était immense pour son mètre cinquante, à moins qu’elle n’était habituée qu’aux petits appartements canadiens ? Linden vient d’une famille aisée, qui pouvait se permettre quelque chose de similaire aux Stark. Mais l’esprit de chaque Lowenthal est libre et indépendant : aussi cette petite fortune était surtout utilisée pour aller où bon leur semblait. Et si l’idée de s’acheter une maison paraissait intéressante, il aurait été du gâchis que n’importe qui de la famille vienne à le faire, sinon quoi elle serait vide les trois quarts du temps. En fait … Seul Hazel, son frère aîné, saurait rentabiliser cet achat. Reposant son regard vers son verre dont elle but une gorgée, Linden leva les yeux un instant. Venait-elle d’entendre du bruit ? La fatigue lui jouait-elle des tours, après son voyage ? Hinamorie ne fit attention, poursuivant leur conversation cette fois-ci sur sa recherche de logement. Peut-être qu’il s’agissait bien de la fatigue …
« Tu es sûre ? Ça m’arrangerait beaucoup, il suffirait juste que je récupère mes affaires— - PAS UN GESTE OU JE TE BAISE TA CERVELLE D ENCULÉ…. De… Oh sa mère la pute. Linden. »
Un sourire se figea sur le visage de Linden. Un sourire doux, honnête, tranquille ; qui cachait un véritable fiasco intérieur. Si son cerveau alignait des dizaines de mots à la seconde, seul deux mots sortirent. Un exploit, alors que ce même organe qui lui servait à aligner ses propos aurait pu éclater quelques secondes plus tôt.
« Bonjour, Hoshi. »
Sa salutation sembla passer d’une oreille à l’autre de la deuxième jumelle Stark, qui, après une entrée fracassante digne des plus grands films d’action n’étant clairement pas un simple exercice de routine, changea du tout au tout.
« Hey… Long time no see… Euh… Ah ça, c’est pas un vrai colt 1911 GI Government calibre 45 des années 90… Non… Pas un vrai du touuuuuuuuuuuut… »
Ce doit être une sacrée réplique pour avoir un nom aussi précis alors, voulut se convaincre la demie-portion, tirant son verre de jus de mangue jusqu’à ses lèvres. Pourtant, le clic du cran de sécurité, toujours aussi incroyablement réel pour un faux, ne cessait de se répéter dans sa tête.
« Euh… Hey ! J’espère que tu apprécies le jus de mangue… Haha. - Il est très bon, oui. »
Même si je sens difficilement le goût après avoir eu un canon pointé sur moi, avoua-t-elle en son for intérieur.
« Euh… Hum.. Toujours aussi jolie… Hein… Mais euh… C’est bizarre de se déguiser en terroriste violeur d’enfant… Tu vois… Failli te tirer une balle… Dommage de perdre…œil… - Merci ! Mais, tu n’as pas tiré, c’est le principal, non ? Ahahahah … »
Ah. Linden ne put empêcher son léger embarras de s’échapper sous ce rire nerveux. Et si la discussion devenait embarrassante pour elle, il en valait de même pour Hoshi qui, en deux temps trois mouvements, repartit plus vite qu’elle ne fut arrivée. Du peu que Linden connaissait Hoshi, il était normal qu’elle soit un tantinet maladroite. Un défaut qu’elle compensait par sa vitesse de réaction, aussi. Et si l’émotion était forte … Elle redescendit aussi vite qu’elle vint ; raison pour laquelle Linden se tourna en direction de Hina presque comme si de rien était.
« ... Elle est en bonne santé, au moins. Ah, et … Vous avez vraiment pas changé mis à part Hannah, dis donc. »
Par contre, il va bien falloir vérifier le soir venu que ses cheveux ne soient pas devenus blancs face à la mort.
Hinamorie Stark
Hinamorie Stark
Sous-directrice secrétaire sous le bureau d’Ichi
Situation : Très la richesse
Orientation : Hétérosexuelle
Métier(s) : Directrice, Mannequin & Secrétaire au 7th
Alors, il fallait se rendre compte de la situation. Linden à qui tu avais fait une blague qui n'avait vraisemblablement pas fonctionné des masses, mais en plus de ça tu n'avais pas pu contenir ton rire plus de dix secondes. Regardant la Lowenthal, tu lui montrais les photos de la petite famille Stark avec fierté. Tu lui avais également proposé de loger chez toi le temps qu'elle trouve son bonheur. Souriante, tu réponds à la phrase qu'elle avait dite suite à la photo que tu venais de lui montrer. Une réponse qui se traduisait juste par un petit rire alors que tu t'étais reposé dans ton fauteuil, sirotant ton jus. Tu ne savais que trop bien que toutes les réactions de tes anciennes saturnes seraient semblables à celle de Linden. Hannah, elles l'avaient toutes vues quand elle était encore une toute petite fille timide qui ne regardant le monde en ne restant pas trop loin de sa mère. Une époque, qui était lointaine sans vraiment l'être finalement. Les années, et par conséquent les enfants, passaient tellement vite ... Tu pouvais d'ores et déjà comprends ce que ta mère ressentait avec Hoshi et toi au même âge. Pour ce qui était du reste, ton amie ne l'avait pas oublié non plus. Néanmoins, elle était très impressionnée par l'évolution. Il est vrai qu'elle t'avait connue au début de ta carrière alors pour elle, qui n'avait pas bien suivi ton parcours à distance, ça ne devait pas être facile de se rendre compte de l'ampleur de la carrière d'une amie, ou peut-être simplement qu'elle n'y pensait pas étant donné que tu n'avais pas vraiment changé tes habitudes et ton comportement avec la célébrité, bien au contraire.
Tu continuais donc de parler avec ton amie, lui proposant donc comme dernière phrase la possibilité de venir séjourner chez toi un petit temps. Elle n'avait pas l'air contre. Le souci ? Pendant la conversation, tu vois une arme, dans la main de ta sœur, se posée sur la tempe de la Lowenthal. Piqué au vif, tu recules la tête, les yeux grands ouverts, l'entends lui dire, non, lui crier dessus de ne pas bouger auquel cas elle lui exploserait la cervelle. Constaté de remarquer l'irréalisme de la scène, tu rougis de gêne, ce n'était pas comme ça que l'on recevait quelqu'un voyons. La sonnette qui sonnait pendant une petite minute sans arrêt l'avait tant énervée que ça ? Tu arques un sourcil à cette pensée. Hoshi se recule, tu savais que ce n'était pas une arme factice, mais tu savais aussi qu'Hoshi se rendrait bien vite compte de son erreur de jugement, alors, tandis qu'elle se confond en excuse devant Linden, tu bois ton verre de jus tranquillement, croisant les jambes, rajoutant encore plus d'irréalisme à la scène qui venait de se produire. Elle reculait petit à petit, les réactions dénuées de panique de Linden t'étonnant grandement, tu ne bougeais pas pour autant. C'était une ancienne saturne, évidemment qu'elle avait un contrôle de ses émotions devant les autres. Mais bon, tu ne savais pas comment ça se passait dans sa tête, mais ça devait sûrement être la panique ou alors elle pensait tout simplement à une blague orchestré par l'une de vous, tu ne le sauras peut-être jamais.
Voyant Hoshi partir d'un pas rapide tout en restant assez ridicule au vu de la situation, tu soupires pendant un long moment avant de poser ton verre sur la table, regardant Linden dans les yeux, l'air de vouloir t'excuser pour « la gêne occasionnée » par ta jumelle. Ce qui suivi les dernières phrases de Linden, qui étaient pourtant adressées à Hoshi, te surpris aussi, comme si de rien était, constatent que ça n'avait pas changé entre vous. Tu ris, te mordillant un peu les lèvres.
— Désolée pour ça, c'est Hoshi. Elle a dû encore se faire des films. Posant ta main sur ta nuque, n'en revenant toujours pas des événements qui venaient d'arriver, tu continues. Mais ma proposition tien toujours. Un rire nerveux se fait entendre. T'en fais pas elle ne te tuera pas dans ton sommeil.
Tu ne savais pas trop la raison des actions d'Hoshi, mais ça avait toujours le don de mettre de l'ambiance. Tu souris, revenant à la normale avant de proposer à Linden si elle voulait boire autre chose tout en te resservant du jus.
— Hoshi sera la sous-directrice d'ailleurs, on dirigera donc à deux le campus, je ne sais plus si je l'avais précisé. Tu souris une nouvelle fois. Tu espères quoi avec ce nouveau campus toi ? Tu poses la bouteille, regardant Linden un sourire aux lèvres. Y'aura sûrement des anciennes têtes d'ailleurs.
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